mercredi 27 janvier 2016

La main invisible

 

 

Définition de la main invisible

Il s'agit d'une expression due à l'économiste Adam Smith au XVIIIe siècle que moi Philippe Peret aimerais vous présenter. Cette expression est d'ailleurs employée dans trois des œuvres de Smith ("History of Astronomy", "Théorie des sentiments moraux" et "Richesse des nations") et désigne le fait que des actions menées dans un but individuel vont contribuer au bien-être commun. Adam Smith estime ainsi que l'intérêt personnel voire égoïste des individus pour améliorer leur situation économique génère au final des effets bénéfiques sur l'intérêt général. L’appellation "main invisible" définit alors le caractère autorégulateur et spontané de ce phénomène.

Enjeux et interprétations économiques

Dans une économie de marchés, la main invisible constitue un procédé et gagnant-gagnant naturellement mis en place via le commerce, le libre échange et la concurrence entre vendeurs dans cette situation. Prenons pour exemple concret : une entreprise souhaite pour augmenter ses ventes baisser les prix de ses produits/services. Les consommateurs vont donc bénéficier, pour le même produit/service, d'un prix réduit. Pourtant, l'entreprise n'a pas diminué les prix par altruisme mais par intérêt personnel, intérêt qui profite néanmoins à tous.

Critiques et limites de la théorie

Le caractère autorégulateur proné par Smith suppose une intervention réduite - voire quasi nulle - de l’État et l'ouverture des marchés vers le commerce extérieur. Il n'est donc pas surprenant d'apprendre que les théories protectionnistes et interventionnistes vont à l'encontre de l'idée de main invisible. Toutefois, Smith reconnaissait lui même qu'une intervention étatique s'avérait parfois nécessaire, ne serait-ce que pour protéger la propriété privée, et fournir des services publics indispensables. En effet, comment les agents pourraient-ils pleinement bénéficier des avantages de la main invisible (échanges) sans routes par exemple ?
Par ailleurs, Robert J Shiller (prix Nobel d'économie 2013) dénonce le laisser-faire d'une société où les individus sont manipulés et trompés, et cible donc, indirectement, la main invisible car il considère que les intérêts personnels des individus sont en effet corrompus.
Quoiqu'il en soit, la main invisible de Adam Smith, même si elle peut-être questionnée surtout en temps de crise, l'un des piliers majeurs dans les théories de l'économie


Philippe Peret

lundi 18 janvier 2016

La théorie des jeux


Qu'est ce que la théorie des jeux ?

On appelle théorie des jeux un outil permettant d'analyser des comportements humains. Plus précisément, on va étudier des situations où l'action optimale pour un agent (personne physique ou entreprise) sera fonction de ses anticipations sur les décisions d'autres agents. Si cette théorie trouve ses fondements en 1928 via une publication du mathématicien John von Neumann, ça n'est qu'à partir de 1944 qu'elle connaîtra un vif succès. Cet outil est maintenant pertinent pour étudier de nombreuses interactions économiques et sociales, via des jeux stratégiques (d'où son appelation). Philippe Peret vous propose d'en savoir plus : nous verrons d'abord les différents types de jeux concernés avant de voir leur mise en application aux sciences économiques.

On l'appelle aussi "théorie de la décision en interaction" 

Une théorie, plusieurs modes de jeux

La théorie reconnaît en vérité une saga de types de jeux, classifiée en 8 catégories:
  • Jeux coopératifs et non coopératifs : coalition ou opposition entre joueurs
  • Jeux répétés : le risque de perdre peut s'avérer intéressant afin de tester les autres joueurs pour ensuite définir sa propre stratégie
  • Jeux simultanés & jeux séquentiels : dans le premier cas, les participants choisissent leur stratégie au même moment (ex: shifumi) contrairement au jeux séquentiels où il s'agit de tour par tour
  • Jeux finis : lorsque les stratégies de chacun des joueurs est terminée
  • Jeux à somme nulle et non nulle : dans le premier cas, l'intérêt d'un joueur est strictement opposé à celui de l'autre joueur (la victoire de l'un entraine la défaite de l'autre). Dans le second cas de figure, les joueurs peuvent tous gagner ou tous perdre.
  • Jeux à information complète : lorsque chaque joueur est en parfaite connaissance de ses possibilités d'action, celles des autres joueurs, les gains inhérents à ces actions et les motivations des autres joueurs. Si l'une des conditions n'est pas remplie, on sera dans un jeu à information incomplète.
  • Jeux à mémoire parfaite/imparfaite : situations dans lesquelles chacun des joueurs peut à tout moment se remémorer tout ce qui a été joué précédemment / amnésie partielle des joueurs.
  • Jeux déterminés : appelés aussi "jeu de pure raison" et caractérisés par un aspect combinatoire où un calcul judicieux permet au joueur de s'assurer de gagner, ou à défaut, de ne pas perdre. La stratégie se traduit généralement par un algorithme.

Utilisation en économie

Des auteurs comme Thomas Schelling ont fait preuve de suffisament d'influence pour permettre aux concepts proposés par la théorie des jeux d'être employés à des fins d'analyse économique. Ce sont dans les années 80 que la théorie des jeux a battu son plein pour l'analyse de l'économie ; un succès qui se traduit par l'obtention du prix Nobel d'économie pour 11 théoriciens des jeux.
C'est en économie industrielleque la théorie des jeux est particulièrement pertinente pour modéliser la concurrence dans une situation d'oligopole.

  Philippe Peret

mardi 12 janvier 2016

La concurrence


Les marchés sont des entités très complexes caractérisées par de nombreuses interactions entre agents économiques. Ce sont donc ces interactions qui structurent le marché. La concurrence désigne quant à elle la présence simultanée de plusieurs acteurs agissant économiquement en rivalité. Il existe différents types de concurrence que Philippe Peret vous invite à découvrir via cet article

Comment est perçue la concurrence ?

Certains théoriciens considèrent comme bénéfique la présence de plusieurs concurrents comme dans la pensée libérale : la concurrence permet en effet aux clients potentiels un plus large choix de produits et de services et à des prix plus intéressants. Elle est également considérée comme source d'un juste prix qui caractérise la réelle valeur des marchandises. Enfin, elle incite à l'innovation en poussant chaque agent économique à faire mieux que ses rivaux.

La concurrence pose néanmoins quelques problèmes et présente certaines limites : certains la voient en effet comme dépendante d'un état de nature. Il faut désigner des organismes à compétence quasi-judiciaire pour appliquer des règles et politiques en matière concurrentielle et éviter les abus.

Le catholicisme libéral préconise largement quant à lui plutôt l'entraide, la coopération et l'association que la confrontation entre un agent et un autre. Si l'on va plus loin, la concurrence peut mener jusqu'à l'exclusion contrairement à l'entraide qui mène à l'inclusion.

La concurrence parfaite

Dans la théorie, plusieurs conditions permettent de mener à une concurrence dite pure et parfaite :
  • L'atomicité du marché : offreur comme demandeurs sont très nombreux sur le marché
  • La transparence du marché : chaque acteur dispose d'une parfaite information sur les produits, les prix, les conditions de vente et les quantités offertes et demandées
  • L'homogénéité du produit : les produits présentent les mêmes performances ou caractéristiques
  • La liberté d'entrée sur le marché : possibilité pour tout acteur économique d'entrer sur le marché ou de s'en retirer
Si l'une de ces quatre conditions n'est pas remplie, on est en situation de concurrence dite imparfaite.

La concurrence imparfaite

Principales structures de concurrence

Le tableau de Stackelberg résume les grands types de concurrence qu'il peut exister sur un marché de biens ou de services :





Moi, Philippe Peret, fais le choix de me pencher sur les deux plus grands types de structuration du marché :
  • L'oligopole se caractérise par la présence de quelques vendeurs pour de nombreux acheteurs. Dans ce cas de figure, la demande est plus forte que l'offre ; les offreurs sont donc surs de vendre leurs produits. On distingue usuellement deux types d'oligopoles : le duopole de Bertrand (les vendeurs se concurrencent sur les prix) et le duopole de Cournot (la compétitivité se joue sur les quantités). Certains secteurs sont naturellement oligopolistiques. Citons par exemple Pepsi et Coca-cola sur le marché des cola en termes d'envergure mondiale ou encore Intel & AMD pour les ordinateurs personnels.
  • Dans le cas d'un monopole, il n'existe qu'un seul vendeur pour de nombreux acheteurs ; le vendeur n'a donc aucun concurrent(ex : SNCF). Celui-ci se retrouve alors en position de price-maker, ce qui est souvent considéré comme nuisible pour le consommateur. Les pouvoirs publics sont alors en droit d'intervenir pour réguler ce type de concurrence et limiter les abus risqués par la position du vendeur unique.

Intensité concurrentielle : les 5 forces de Porter

Le professeur américain de stratégie Michael Porter appréhende le concept de concurrence en déterminant 5 forces qui en définissent la structure :
  • le pouvoir de négociation des clients
  • le pouvoir de négociation des fournisseurs
  • la menace des produits ou services de substitution
  • la menace d'entrants potentiels sur le marché
  • l'intensité de la rivalité entre les concurrents

Je vous propose de retrouver sur mon profil slideshare un powerpoint récapitulatif sur la concurrence en économie : slideshare Philippe Peret et la concurrence.

@bientôt pour de nouveaux articles sur des concepts de l'économie

P.Peret

lundi 4 janvier 2016

Le phénomène d'ubérisation

Philippe Peret vous propose de découvrir ce que désigne ce terme que l’on a beaucoup entendu ces derniers temps et qui a été source de nombreuses polémiques.


D’où provient ce terme et que désigne-t-il ?

C'est avec l'arrivée d'une saga d'agents économiques comme Blablacar, Airbnb ou Uber (dont le néologisme est inspiré) et l'avènement du "tout numérique" qu'est apparu le terme d'ubérisation. Ce phénomène désigne la mise en relation entre clients et entreprises via une plateforme numérique gérée par une startup. On assiste donc à un nouveau modèle économique marqué par l'intervention de ces nouveaux intermédiaires. Citons également la start-up Testamento permettant à tout internaute de rédiger son testament directement sur la plate-forme en ligne, par opposition aux traditionnels notaires.

Le pour et le contre de l'ubérisation

L'ubérisation est globalement vue d'un mauvais oeil par les entreprises traditionnelles qui y voient une concurrence déloyale voire une forme de "salariat déguisé" (quid de la protection sociale des salariés?). Ce phénomène est par ailleurs accusé de générer de nombreuses destructions d'emplois (3,5 millions d'ici 2025 selon certaines estimations). En effet, de plus en plus de "robots" (plateformes en ligne) viendraient remplacer les emplois occupés par des humains dans une saga de secteurs aussi variés que le notariat, la banque, la gestion ou la comptabilité. Un autre inconvénient : les services étant vendus par des particuliers, ceux-ci ne se trouvent pas dans un schéma "traditionnel" de salariat, n'ont pas d'employeur au sens propre du terme comme décrit dans le Code du Travail. Le fournisseur de service n'est donc par conséquent pas soumis aux obligations telles que la sécurité sociale, les cotisations salariales ou la formation). En revanche, l'ubérisation constituera un progrès en faveur du consommateur qui se verra proposé des services quasi-instatanés, sur-mesure et à faible coût. Pour les employés, il permettra une certaine souplesse dans l'organisation du temps de travail, davantage d'autonomie et de possiblité de reconversion et des tâches variées et diversifiées.

Enjeux et défis

En venant bousculer le système traditionnel de l'économie, l'ubérisation constitue ainsi à la fois une menace et une opportunité. L'enjeu est donc de savoir comment tourner ce phénomène en avantage économique afin d'en tirer le meilleur. Le gouvernement devra donc mettre en place des dispositifs en adéquation avec ce changement pour permettre une transition économique sans heurts pour la croissance et l'emploi.

Pour en savoir plus, vous pourrez consulter ce petit documentaire sur Youtube :




 Philippe Peret